Communiqué de Bouaziz Ait Chebib: "Clarifications"


Bouaziz Aït Chebib
Certaines voix s’élèvent pour dénoncer mes interventions publiques (communiqués, rencontres citoyennes, conférences) prétextant cette protestation par le fait que ma démission de la présidence du MAK impliquerait de fait mon éclipse totale du champ politique. Aussi, tout en refusant d’alimenter les polémiques stériles et stérilisantes, je tiens néanmoins à apporter les clarifications suivantes à l’opinion publique kabyle:

Tout d’abord, je rappelle que je suis avant tout un citoyen kabyle et qu’à ce titre, tout ce qui touche à la Kabylie me concerne et m’interpelle. Mon devoir consiste à intervenir comme je peux afin de contribuer, au mieux de mes possibilités et de mes moyens, au salut de mon pays, comme je l’ai d’ailleurs toujours fait depuis mes plus tendres années de militantisme. Mon implication et mes interventions sont en parfait accord avec ce que j’ai toujours été, c’est-à-dire un militant kabyle profondément concerné et impliqué dans tout ce qui touche à sa patrie, la Kabylie. Il n’y a donc absolument rien de nouveau à cela.

Ensuite, je rappelle à toutes fins utiles que j’ai été victime de gravissimes campagnes diffamatoires, de mensonges et de rumeurs qui m'ont profondément choqué et fait bien plus de mal que les menaces quotidiennes du régime algérien, les harcèlements, les arrestations, ou les pressions sur ma famille. Aucune pression, intimidation, chantage ou harcèlement n’a réussi à me perturber mais quand le mal vient de la maison, je l’avoue, c'est choquant et particulièrement pénible à supporter. Malgré cela, j'ai tout fait pour dépasser cette « tragédie politique » et j'ai agi au mieux, pour le bien de notre cause sacrée. Et c’est pour cette raison que la seule réponse donnée à mes détracteurs a été et sera encore de leur tendre la main de la fraternité et leur dire qu’au nom de TAQVAYLIT, qui est plus importante que tout, je vous pardonne.

Mais que les choses soient bien claires, je l’ai déjà dit et je le redis encore une fois: j'ai toujours été et je resterai toujours un militant. Je n'aspire qu'à la liberté de la Kabylie, à sa réconciliation avec elle-même, conformément à son histoire, sa culture et sa civilisation. Je n'aspire ni à des portefeuilles de responsabilité, ni à la célébrité, ni au leadership et j’aspire encore moins à nuire à la démarche du MAK/Anavad.

Je ne cultive aucune forme d’animosité à l’égard des acteurs politiques kabyles en général et des courants kabylistes en particulier. Plaider pour l’union des forces vives de la Kabylie est un devoir pour chaque militant œuvrant pour l’émancipation du peuple kabyle.

Il semblerait qu’avec ma démission à la tête du MAK, il était également attendu que je m’éclipse totalement du champ politique kabyle, ce qui d’une part n’a jamais été dans mes intentions et d’autre part, je n’ai pas le droit d’abandonner un combat pour lequel je me suis sacrifié des dizaines d’années durant. En tant que militant kabyle largement impliqué dans le long processus politique qui mènera inexorablement le peuple kabyle à son affranchissement de toute servitude culturelle, et idéologique, il est dans mon droit le plus absolu de m'exprimer sur toutes les questions qui concernent la Kabylie, et je considère qu’il est de mon devoir d’agir et de réagir selon les intérêts du peuple kabyle et de la Kabylie.

N’étant pas dans une compétition politique, si j’interviens dans les débat publics à travers des communiqués et des sorties sur le terrain, ce n’est certainement pas pour « récupérer » quoi que ce soit ni qui que ce soit, mais pour continuer à faire ce que je fais depuis des années : convaincre de plus en plus de kabyles du bien-fondé de la nécessité absolue d’un Etat Kabyle. Ma ligne de conduite n'a jamais changé, et contrairement à mes détracteurs, je défends mes opinions sans porter atteinte à celles des autres. Chacun a le droit de s'exprimer librement dans le respect et la fraternité et j'exerce ce droit pour apporter un plus au combat libérateur de la Kabylie, tout en soutenant les dynamiques susceptibles de défendre les intérêts suprêmes de notre pays.

Je reste disponible à toutes les sollicitations des citoyens ou des associations pour animer des conférences sur l’avenir et le devenir de notre patrie. Mes prochaines communications publiques porteront sur le thème : « Les mécanismes de développement de la Kabylie avant et après le recouvrement de sa souveraineté ». Il est temps de consolider le débat politique en lançant la réflexion dans les domaines économique, social et du développement durable.

Venons-en maintenant à la médiatisation par de modestes sites kabyles des actions militantes auxquelles je participe et qui semble gêner certains, Yennayer 2967 en l’occurrence. Tout d’abord, je tiens à rappeler que je suis et reste l'acteur politique kabyle le plus boycotté par les médias algériens. Exception faite de la presse arabophone qui ne me citait que pour me diaboliser, aucun journal algérien n’a jamais parlé de moi, ni de mes activités, ni de mes arrestations, ni du guet-apens qui m’a été tendu à Timizar, ni encore moins de l’essor du MAK depuis que j’en ai pris la tête en 2011, depuis les incessantes mises en places de cellules, sections, coordinations, conseils, jusqu’aux grandioses manifestations du MAK, ce qui n’était pas « rien » au vu du contexte politique et sécuritaire dans lequel baigne la Kabylie. Cela dit, la presse aujourd’hui ne peut plus avoir de monopole sur l’information et ce n’est pas parce qu’une information est « étouffée » par la presse qu’elle reste « inconnue » du public.

On me reproche d’avoir décidé de marcher pour Yennayer 2967 à Tuviret avec les militants du MAK et on me reproche de l’avoir rendu public. Aussi, quelques petits éclaircissements s’imposent : Tout d’abord, si j'ai décidé de marcher à Tuviret à l’occasion de Yennayer, ce n’était pas pour « récupérer » la manifestation mais pour respecter un engagement pris en septembre devant le Conseil régional du département de Tuvirett, soit 2 mois avant ma démission de la présidence du MAK. Et comme « Amdan yettwaṭṭaf seg yiles » et que je n’avais aucune raison de ne pas respecter un engagement que je pouvais respecter, je suis allé à Tuviret et je ne le regrette absolument pas. J’avoue pour ma part que j’ai passé un Yennayer mémorable dans les commissariats de Lesnam et de Tuviret. Mais une chose m’intrigue cependant : pourquoi ceux qui ont été dérangés par ma présence à Tuviret ne semblent pas avoir été autant dérangés par l’empêchement et la répression de la marche de Yennayer qu’ils n’ont d’ailleurs pas daigné condamner ?

Je saisis cette occasion pour rendre de nouveau un vibrant hommage aux militants de Tuviret qui ont fait preuve de courage, de détermination et de dignité en faisant face à l’impressionnant arsenal répressif déployé par un régime colonial juste pour isoler cette contrée du reste de la Kabylie. Je suis fier de Tuvirett et je leur dis encore une fois « Ayuz ay At Tuviret ! ». D’ailleurs, pour instituer une tradition d’unité et de solidarité, je préconise l’organisation d’une marche nationale kabyle à Tuviret pour clamer haut et fort « Ulac Taqvaylit ma ulac tuvirett ».

Durant des années, j’ai œuvré, sans relâche, avec les militants du MAK à semer les graines de la liberté et de l'espoir, de village en village, de quartier en quartier. Ni les menaces, ni les arrestations ni les agressions n'ont pu atteindre notre moral tant que nous étions convaincus de la justesse de notre cause. Nous sommes nombreux à avoir donné notre vie entière à la noble cause du peuple kabyle et de ce fait, tout en refusant de m’ériger en donneurs de leçon, je refuse qu’on vienne me donner des leçons de patriotisme.

Enfin, n'ayant pas vocation à alimenter les polémiques stérilisantes, je plaide pour l'instauration d'un débat de fond autour de l’avenir de la Kabylie et de son peuple, gravement menacés par les avancées tentaculaires de l’arabo-islamisme en Kabylie même.


Le feu est dans la maison. La Kabylie nous attend.


Bouaziz Ait Chebib
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