Bouzeguène: Une belle leçon de citoyenneté Kabyle, mais à moitié seulement...




Le 9 octobre dernier, 23 villages ont organisé une gigantesque marche contre l’insécurité qui ravage la Kabylie. Des milliers de citoyens, parfaitement organisés et encadrés par un service d’ordre impeccable, ont manifesté leur inquiétude de voir la Kabylie plongée dans l’insécurité malgré un nombre impressionnant de services dits de "sécurités". Ces derniers n’ont effectivement jamais servi à la sécurisation des espaces publics, les kidnappings, les disparitions, les assassinats, y compris de jeunes enfants, n'ayant jamais cessé de croitre malgré l'omniprésence, (également croissante), des services algériens "de sécurité". Leur surnombre et leurs interminables barrages ne servent au final qu'à empoisonner la vie des braves citoyens mais jamais, et en aucune façon, à combattre l’insécurité qui semble au contraire y être largement encouragée, notamment par le laxisme et l’impunité.


En effet, comment expliquer la croissance exponentielle de l’insécurité en Kabylie alors même qu'une « armée » de policiers, de gendarmes et de militaires occupent littéralement le territoire kabyle ? La question se pose avec d’autant plus d’acuité que l’activité dite « sécuritaire » en Kabylie se résume exclusivement à la répression systématique de tout droit à la liberté d’action et d’expression pour peu qu’il soit en lien avec la Kabylie proprement dite, que ce soit d’un point de vue politique, culturel ou même scientifique. Il suffit en effet qu’un événement s’adresse spécifiquement à la Kabylie pour qu’il subisse les foudres de la répression, du harcèlement et même de l’emprisonnement, à l’inverse du banditisme et de la criminalité qui ne cessent de croitre et de s’installer en toute quiétude dans un territoire pourtant quadrillé… au centimètre près !

Concrètement les services algériens dits « de sécurités » ne sont rien d’autre que des services « répressifs » donnant l’assaut systématique sur toute voix kabyle susceptible de servir les intérêts de la Kabylie dans le recouvrement de son authenticité et donc de sa souveraineté vis-à-vis du colonialisme arabo-islamique incarné par l’Etat algérien. Car, et l’on peut bien retourner le problème dans les sens, il n’échappe à personne, et surtout pas au régime algérien, que le contention opposant la Kabylie à l’Etat algérien relève bien d’une lutte kabyle contre une colonisation « idéologique » qui s’acharne à remplacer une langue, une culture, une civilisation et une identité autochtones (Kabyle-Amazighe) par une langue, une culture, une civilisation et une identité étrangère. Pour s’en convaincre, il suffit de relire les propos du premier ministre algérien qui parle de consolider l’identité nationale (Kabylie comprise, et à vrai dire SURTOUT la Kabylie) avec la langue arabe et l’Islam. 

Aussi, au vu de la situation générale en Kabylie, il apparaît clairement que la nécessité de s’organiser en dehors de tous circuits étatiques algériens, pour défendre lui-même ses intérêts, se fait de plus en plus évidente pour le peuple kabyle et les 23 villages de Bouzeguène ont en fait une nouvelle démonstration. Au-delà de la protestation proprement dite contre l’insécurité, cette mobilisation citoyenne à grande échelle permet aussi, et même surtout, de sensibiliser les kabyles à la question primordiale de la « sécurité ». La banalisation de la violence et de l'insécurité ambiante est néfaste à la Kabylie, tant il est vrai que rien de sérieux ne peut être entrepris par un peuple tant que l’insécurité, telle une épée de Damoclès est maintenue au-dessus de sa tête. 

Il est cependant extrêmement dommage que cette manifestation, exclusivement masculine, se soit « passée » des femmes qui composent pourtant la moitié du peuple kabyle. La dimension féminine, sans laquelle la société kabyle ne sera jamais impliquée dans son émancipation, est révélatrice d'un recul civilisationnel et d'une mentalité encore largement imprégnée de l’idéologie sexiste et rétrograde de l’arabo-islamique ; une idéologie contre laquelle la Kabylie lutte pourtant corps et âme


Yasmina O

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