Zedek Mouloud 2017 / Un nouvel an berbère très réussi à Saint Denis de JSD
Zedek Mouloud / Saint Denis 2017 |
Le début de la 2967e année du calendrier amazigh a donné lieu à une belle soirée autour, notamment, du chanteur Mouloud Zedek samedi 14 janvier.
Des youyous et des percussions perturbent le silence du centre-ville, ce n’est pas un mariage qu’on entend mais les échos d’une fête un peu particulière. Les berbères s’étaient donné rendez-vous samedi 14 janvier à la salle de la Légion d‘Honneur pour célébrer Yennayer, leur nouvel an qui marque le début de la 2967e année. La naissance du calendrier amazigh correspond à l’intronisation du roi berbère Chacnaq 1er (Sheshonq) en Égypte où il fut sacré Pharaon. Parmi ses faits d’armes, on retrouve la prise de Jérusalem gouverné alors par Roboam, fils du Roi Salomon, en - 937 av. JC. Cette date figure dans l’Ancien Testament et constitue la première trace écrite de l’Histoire des Berbères…
Aujourd’hui, la diaspora des amazighs (qui signifie « l’Homme libre ») est importante. La France est le troisième pays qui compte le plus de berbères derrière le Maroc et l’Algérie, pays où paradoxalement, il a été difficile de faire vivre cette culture. Le poids du salafisme couplé au manque de considération du gouvernement Algérien a rendu la tâche difficile. Considérée comme une fête « païenne » et donc impie par certains religieux, Yennayer a tardé à être tolérée. « Cette année, c’est la première fois que le nouvel an berbère est célébré dans toute l’Algérie, et même, fait exceptionnel, à Constantine », rappelle le chanteur engagé Mouloud Zedek, véritable star en Kabylie venue donner un concert à Saint-Denis pour la plus grande joie des huit cents spectateurs présents. Il défend sa cause en chansons depuis plus de vingt ans. « Les régimes qui se sont succédé ont fait croire que la culture berbère n’existait pas alors que nous avions une langue, des valeurs, une histoire… », raconte Mouloud. En avril 1980 et en mai 1981, l’Algérie fut secouée par des mouvements pacifiques baptisés les printemps Berbères. Très peu documentés, ces deux épisodes contestataires sont pourtant « les piliers de la conscience Kabyle », selon Gérard Lamari, l’un des rares experts sur la question et l’un des artisans du printemps de 1980. Depuis il y a eu du progrès, le berbère a été reconnu comme langue nationale et est étudié dans le primaire et le secondaire…
Un Yennayer réussi
Samedi, après la réception des associations en Mairie, le public s’est d’abord retrouvé pour le concert du Sahara Social Club, groupe de world-fusion, qui assurait la première partie de soirée. Puis, dans une émotion palpable, la formation a laissé place aux retrouvailles festives de Mouloud Zedek et son public, trois ans après son dernier concert à Saint-Denis. Le chanteur kabyle qui a vécu dans la cité des rois était en terrain conquis. « L’ambiance me rappelle la Kabylie », évoquait Mouloud quelques heures avant de monter sur scène. Après quelques classiques repris en chœur par l’assistance, le chanteur kabyle en a profité pour présenter le titre « Alen swant imi ifud » (Les yeux ont bu et la bouche a soif), extrait de son prochain album, le 18e opus de sa carrière à paraître en 2018. Mouloud Zedek lancera sa tournée mondiale avec une date au Cabaret Sauvage à Paris en février et la clôturera dans deux ans au Zénith de Paris. Il en profitera pour aller à la rencontre de la diaspora amazigh et promouvoir son identité auprès de la jeune génération, en homme libre…
Maxime Longuet
Source : JSD
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